La salle dite de l’Association
Votre visite commence dans la salle de l’Association Royale des Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse (en abrégé : ARMFESM).Mais au fait, qu’est-ce que l’Association Royale des Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse ?
Le Major Hamels, tambour bien connu à Gerpinnes avait l’intention de rassembler en un organisme officiel toutes les Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Aidé dans sa tâche par le Docteur Cuisenaire de Thuin, il convoqua le 5 juin 1959, au château d’Ham-sur-Heure, quelques délégués qui décidèrent de créer une Association des Marches. Une deuxième réunion eut lieu le 23 juin également à Ham-sur-Heure où on dressa la liste des localités possédant une Compagnie de Marcheurs. A cette époque 40 Sociétés étaient en activité, groupant approximativement 4.000 marcheurs.
Après ces deux réunions d’information, une première assemblée générale eut lieu à Gerpinnes le 12 juillet 1960 ; 31 délégués présents procédèrent à l’élection du comité directeur. Le 24 décembre 1960 à Florennes, une deuxième réunion générale des délégués permit d’élaborer les statuts de la nouvelle association.
La cheville ouvrière de cette association fut incontestablement le tandem composée par le Docteur Joseph Wauthy, premier président et par Monsieur Lucien Sainthuile, trésorier fondateur. Ces deux personnages incontournables des Marches Folkloriques ont présidé plus de 30 années à la direction de l’Association.
De nos jours, l’Association regroupe en son sein plus de 95 compagnies affiliées, plus de 8.500 abonnés à la revue et environ 9.000 marcheurs.
L’AMRFESM a pour buts principaux de :
- Premièrement, sauvegarder le patrimoine folklorique de l'Entre-Sambre-et-Meuse en veillant notamment à conserver les coutumes particulières et religieuses de chaque Marche et de les faire revivre là où la tradition a été abandonnée.
- Ensuite, guider et conseiller les nouvelles Marches qui se créent et qui s'engagent à respecter et à défendre les valeurs essentielles d'une Marche traditionnelle.
- Troisièmement, prendre toutes dispositions afin de faire connaître et apprécier l'aspect traditionnel de notre folklore wallon et plus particulièrement par l'entremise des médias.
- Et, enfin, procurer une aide efficace à toutes les Marches faisant partie de l'Association en sollicitant des subsides des Pouvoirs Publics à tous les échelons.
L’ARMFESM s’est vu décerner le titre de « Société Royale » par sa Majesté le Roi Albert II en 2010.
Observons la salle. Si vous mettez la cheminée à votre droite, vous pourrez observer en face de vous et sur le mur à votre gauche, de nombreuses affiches de Marches Folkloriques. Si les localités sont toutes différentes, vous pouvez vous rendre compte qu’elles ont toutes un point en commun : un saint ou une sainte à qui sont dédiées les festivités organisées dans le village.
Un saint, une sainte, un bienheureux… l’aspect religieux occupe la place centrale de la définition d’une Marche Folklorique dite de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
Les Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse trouvent leurs origines dans les processions de croix banales du moyen-âge. Celles-ci étaient destinées à rendre hommage et à permettre de verser l’obole à l’abbaye suzeraine voisine dont dépendait le clergé. Les processions devaient avoir lieu dans l’octave de la Pentecôte. L’escorte militaire qui les accompagnait avait pour but d’en rehausser l’éclat, mais aussi de préserver les pèlerins contre les bandes de malfrats qui rôdaient à cette époque dans nos contrées. Ces compagnies spéciales d’archers et d’arbalétriers que l’on appelait « serments » furent les ancêtres de nos Marcheurs. Les uniformes que nos aïeux portaient ont bien évolué au cours du temps.
Les Marches ont connu des hauts et des bas. C’est dans le courant du XVIIIème siècle qu’une crise importante frappa nos Marches. En effet, ces cérémonies devenaient un prétexte pour s’amuser et tournaient le religieux en dérision. Cela ne plut pas au clergé qui interdit ces manifestations. Les coutumes reprendront en 1802 au début du XIXème siècle, par le concordat signé en Napoléon Ier et le Pape Pie VII. C’est à ce moment que nos Marches prirent un nouvel essor et devinrent des escortes militaires.
Les costumes actuellement adoptés (dits costumes du second empire) proviennent bien sûr du premier empire, mais également de la première armée belge de 1830. Il est certain que l’on a d’abord marché en premier empire. De nombreuses défroques de l’armée de Napoléon étaient disponibles dans nos régions. Ces uniformes se dégradant, nos Marcheurs ont adopté les costumes militaires de l’époque qui a immédiatement suivi, c’est-à-dire les uniformes que l’on appelle du second empire, mais qui sont pour la plupart des uniformes de la première armée belge et des uniformes de la garde civique de 1850. Aujourd’hui, on rencontre ces deux types de costumes dans nos Compagnies.
On peut donc dire après ces explications que Napoléon n’a rien à voir avec nos Marches... si ce n’est l’utilisation des costumes de son époque !
Sur le mur de la cheminée, vous pouvez voir le premier drapeau de l’ARMFESM ainsi que les photos de Membres importants de cette dernière. A votre droite, des costumes de zouaves.
« Il existe dans les montagnes situées à l’est d’Alger une peuplade considérable qui donne des soldats aux gouvernements d’Afrique qui veulent les soudoyer. Les hommes dont elle se compose se nomment ZOUAOUA. Deux mille m’ont offert leurs services; cinq cents sont déjà réunis à Alger ». C’est en ces termes qu’en août 1830, le maréchal de Bourmont révèle au ministre français de la Guerre, l’existence d’un corps de troupe. Cette stratégie vise non seulement l’accroissement des effectifs, mais aussi l’établissement de relations plus faciles avec les populations indigènes. Le nom « zouave » dérive de l’arabo-berbère « Zwawa », nom d’une tribu kabyle vivant dans le massif du Djurdjura, en Algérie, près de la frontière tunisienne.
Les zouaves sont organisés en deux bataillons commandés par deux chefs célèbres, Maumet et Duvivier entourés d’officiers et sous-officiers français. Ce nouveau corps comporte également deux escadrons montés appelés « Zouaves à cheval », puis « Chasseurs algériens » jusqu’à leur incorporation au « Premiers Chasseurs d’Afrique ». Les zouaves reçoivent le baptême du feu en octobre 1830, à Blida; malgré leur infériorité numérique, ils culbutent les 6 000 guerriers du bey de Tittery et occupent le massif de Médéa. Un troisième chef va s’illustrer lors de la prise de Constantine en 1837, Louis Juchault de La Moricière. Il soumettra définitivement en 1847, le redoutable émir Abd el-Kader et il donnera son nom à un détail vestimentaire assez pittoresque : « le trou de Lamoricière ».
Mais quel est l’uniforme des zouaves ? Qu’on ne s’attende pas à voir les zouaves uniformisés dans un moule réglementaire, car ils doivent concilier l’inconciliable : tenue chaude pour les nuits glaciales, tenue fraîche pour les journées brûlantes, tenue pratique pour les combats et les travaux, tenue seyante pour les revues et les sorties . . . Retenons l’uniforme de service ! Il se compose de :
- la veste, en drap bleu foncé bordée de tresses plates rouges et de passepoils. Les deux ornements trifoliés sur le devant ménagent, chacun, une fausse poche appelée « le tombô » dont la couleur distingue les régiments;
- le gilet bleu sans manches ou « le sédria »;
- le pantalon bouffant ou « le sarouel », rouge en hiver et pour les cérémonies, blanc en d’autres occasions. Au fond du pantalon, le trou de Lamoricière facilite l’écoulement des eaux après le franchissement d’une rivière;
- le collet à capuchon, seule protection contre le froid;
- la chéchia, en drap de laine de teinte garance, ornée d’un gland bleu foncé, elle peut se porter non réglementairement en arrière;
- le turban ou chèche, cette pièce de coton blanc de trois mètres de longueur s’enroule autour de la chéchia et a une double utilité : une protection contre le soleil et les vents de sable, un linceul en cas de décès;
- la ceinture de laine bleue, de quatre mètres sur trente-huit centimètres de large;
- le ceinturon de cuir noir avec une boucle carrée en cuivre jaune;
- les guêtres en cuir fauve jusqu’en 1870, ensuite en drap bleu foncé pour la tenue de campagne, en toile blanche pour la grande tenue.
Dans le reste de la salle, vous pouvez découvrir l’ensemble de la collection de la revue « Le Marcheur » éditée par l’Association depuis 1961 ainsi que différents ouvrages de références.
Nous vous donnons maintenant rendez-vous dans la salle dite du « Second Empire » située en face de la salle dans laquelle vous vous trouvez actuellement.
