L'escalier

Prenez le temps de découvrir les pièces qui ornent les murs de l’escalier et arrêtons-nous quelques instants sur les drapeaux.

Enseigne au vent ! Avec fifres et tambours ! Et avec au moins une demi-livre de poudre ! Voilà comment les arquebusiers et couleuvriniers fossois doivent participer aux processions du saint Sacrement et de saint Feuillen. Au Moyen Age, toute procession est l’occasion de démontrer l’unité et la force de la cité. Ainsi, après les serments viennent les corporations groupées autour de leurs bannières respectives. Toutes ces enseignes au vent expriment une double unité : celle qui rassemble tous les membres d’une même confrérie, celle qui fusionne tous les corps constitués d’une même ville. Aujourd’hui, au sein de nos Marches traditionnelles, le drapeau de la Jeunesse témoigne. C’est au XVIIème siècle qu’apparaissent les groupements de jeunes, à qui l’autorité communale confie l’organisation des fêtes et des solennités. Au XVIIIème siècle, suite à la disparition des milices bourgeoises et rurales, les jeunes gens reprennent le flambeau des aînés et apprennent au prix d’expériences difficiles et d’interdits, qu’une piété sincère peut faire bon ménage avec la joie de vivre qui est la leur. La Jeunesse devient la gardienne de nos traditions et aide à réorganiser certaines processions, parfois avec escorte armée, après la signature en 1801 du Concordat : Gerpinnes en 1802, Thuin, Walcourt et Fosses en 1803. Daussois rejoint la Trinité en 1814, Silenrieux fête à nouveau sainte Anne en 1815, Vitrival et Malonne participent à la Saint-Feuillen en 1816, on remarche à Châtelet en 1818, à Florennes en 1825, à Mettet en 1841.

Les jeunes sont très attachés à leur drapeau, leur principal signe de ralliement qui porte souvent un millésime de la seconde moitié du XIXème siècle. La plupart de ces drapeaux se ressemblent ; ils sont taillés dans un velours émeraude ou grenat, en forme de losange irrégulier. Que de patience, d’habileté, de créativité et d’amour leur confection a exigés ; ce sont de véritables œuvres d’art. Ils sont la propriété de la communauté civile ou religieuse et sont conservés à l’hôtel de ville ou dans une église ou dans une chapelle dédiée au saint protecteur. Et c’est là que, la veille ou le matin de la Marche, se déroule « la prise des drapeaux ». Les Marcheurs peinent à cacher leur émotion quand l’Officier reçoit le précieux trophée, entouré de très jeunes enfants, promesse de relève. Ce drapeau relie les générations et en direct, nous assistons à toute l’histoire de la Marche et à cinq siècles d’histoire locale.

Un deuxième porte-drapeau se présente alors aux autorités ou aux parrain et marraine de la Compagnie. Il est entouré d’une garde armée jusqu’aux dents. Pas question que l’étendard de la Compagnie tombe entre des mains ennemies, lui qui représente tant la gloire que la bravoure. S’il est aux couleurs françaises, il porte les noms d’Austerlitz, Wagram, Iéna, Eylau ou bien ceux de l’Alma, Sébastopol, Solférino, Magenta tandis que le Sergent ou l’ancien de « la dernière guérite » brandit, au bout de son fusil, le fanion du peloton. S’il est aux couleurs « noir-jaune-rouge », il personnifie toute une Compagnie dite « traditionnelle » ou il annonce un corps de volontaires de 1830, de grenadiers ou de chasseurs de notre première armée nationale, ou bien plus près de nous, le 2ème Chasseur à Pied qui fut caserné à Charleroi et qui s’illustra sur l’Yser en 14-18

Tout drapeau d’une musique est également chargé de symboles et de mémoire. Il rend hommage aux membres fondateurs d’un groupe qui embellit nos Marches et la vie en général, aux chefs et musiciens qui l’ont fait grandir. La vie n’a jamais été facile et toute société a ses exigences.

C’est pourquoi nous aimerions nous inspirer des propos de Monsieur l’Abbé Colart-Bovy, curé de Chastrès et de Thy-le-Château, pour affirmer : « Un drapeau exprime des signes, des symboles, des repères pour le ralliement de ses membres avec tout ce que cela comporte d’amitié et d’unité ; en bref les signes d’un idéal commun qu’un groupe de personnes s’engagent à vivre ensemble ».

Sur invitation et à l’occasion d’événements importants, défile le drapeau de l’Association des Marches, le drapeau de plus de huit mille passionnés. Oui, plus de huit mille marcheurs appartiennent à cette terre d’Entre-Sambre-et-Meuse et ils ont reçu le même héritage, entier, et la mission d’escorter la procession de leurs saints patrons ou protecteurs.

Admirons notre drapeau que vous avez admiré dans la première salle et essayons de comprendre ses principaux symboles. Deux cours d’eau, la Sambre et la Meuse, se rejoignent à Namur, au Grognon, là où les Wallons ont installé leur parlement, gardien de leurs libertés. Chaque localité est représentée par son église ; celle-ci témoigne des valeurs chrétiennes pour les croyants et la confiance dans l’avenir pour tous les hommes de bonne volonté. Car nos saints patrons furent des humains avec leurs qualités et leurs défauts, et nous ont appris à refuser toute fatalité. De ce drapeau de l’Association se dégage un esprit de reconnaissance, d’attachement, de fidélité, qui se transforme vite en esprit de clocher, mais comme le proclame Roger Foulon : « un esprit de clocher ouvert sur le monde, car des idées généreuses ont toujours trouvé écho en Entre-Sambre-et-Meuse ».

Nous vous laissons admirer les pièces se trouvant en haut de l’escalier : peintures et autres pièces artistiques vous feront découvrir notre folklore « autrement » avant d’entrer dans la salle à votre droite, celle dite du « Premier Empire ».